Notre voyage en Afrique, les films
Notre voyage en Afrique, 2014, miniatures, sonore, 6'35"
Notre Voyage en Afrique, 2014, sonore, 13'45"
Mardi 03 juin 2014, 5 ans, presque jour pour jour, après sa mise en chantier, le film Notre voyage en Afrique est terminé.
Ces quelques derniers jours, c'est au corps à corps avec mes sons, mes images que je me suis battu mais la chose est arrivée : ça tient debout. A la verticale. Sur ses deux pieds. Miracle.
Ce film est un hommage au cinéma de Peter Kubelka, dont un des films a pour titre Unsere Afrikareise.
L'enfant qui vient de naître n'a qu'une perception sensible du monde, loin de toute construction intellectuelle. Le cinéma de Peter Kubelka, son film Arnulf Rainer en tête, dans le prolongement du travail de John Cage, m'a rendu l'accès à cette perception purement sensible du monde, celle qui ancre dans le présent. Ouvrir grand les yeux, offrir ses oreilles et accueillir sans jugement l'environnement qui se présente pour le pur plaisir de la découverte.
L'oeuvre de John Cage et le cinéma de Peter Kubelka, découverts à l'âge où on entre dans la vie adulte, furent pour moi les leviers qui firent bouger la pierre qui ne retomba pas tout à fait à la même place.
Au cours du travail de construction du film, j'ai découvert le sens profond de l'activité de montage : monter c'est casser le rythme du tournage pour mettre au jour celui du film.
Des rushes, c'est comme un dictionnaire, une suite d'éléments rangés et accompagnés d'une petite note explicative pour s'y retrouver mais c'est mort. D'où les sueurs froides quand on les découvre : « Qu'est-ce que je vais faire avec ça ? ».
Il n'y a qu'une réponse : mettre en rythme c'est à dire faire battre le cœur, donner l'âme, l' ''anima'', qui anime, fait bouger, rend vivant.
J'ai toujours été fasciné par la danse, l'expression de l'énergie pure du corps. Le rythme est inséparable du corps. Un corps mort est un corps abandonné par le rythme. C'est cette énergie que je retrouve dans l'oeuvre de Peter Kubelka et qui m'attache à elle (voir son film Pause).
Alors me retrouver en Afrique...
Mais pour donner à ce film toute sa portée, il m'a fallu dépasser le rythme musical, anecdotique, vers lequel je me suis naturellement porté et qu'on trouve dans ces études préparatoires que j'ai appelées ''miniatures''. Je devais atteindre le rythme de la vie, le rythme de la relation entre les êtres.
Si je l'ai approché, c'est peut-être par la mise en relation du son et de l'image qui a toujours été au cœur de mon travail. Oskar Fischinger parlait du son comme de "l'âme d'un objet". John Cage a voulu donner à "voir les sons". C'est autour de ces notions que j'ai "écrit" ce film.
Pour finir, je veux dire que ce film est né d'une crise existentielle qui m 'a fait, entre autre, reprendre le cinéma après une très longue interruption. C'est un acte d'amour envers les êtres qui me sont chers et qui ont fait ma vie.
Avec leur accord, je le publie. Il existe sous 2 formes, la première en cours de fabrication, comme une étape datant de 2011, et la version finale.