Réflexions post-natales
"Ruinant par avance toutes expériences en une tentative ce qui serait d’une sûre idée, à plonger dans la stupeur, seule idée d’un embarcadère de fait, ni de hasard ou fougue et fugue aux vagues puis tourbillons dont pirogue, chalands, longs, renforce à la traverse et passe le courant, disons préférer la sente et la broussaille aux mâts d’envergure toutes voiles rétrécies aux bruissements des vents, poreux d’éventails, dit entre le vent et l’entaille, la mince taille, à couper, découper des rêves dans la même épaisseur qu’à y regarder de près, voit, rêve, réel, pelletées. Ramasser à coup à tâtons l’entame, l’assurance rassure d’air en vol ainsi le chardonneret piaulant par orage pointe de cercle jaillit à peine, la tourbe, et ressort - soit l’écume puis tempêtes, sillages, à la renverse."
François Tanguy
Ce texte présente la dernière création du Théâtre du Radeau. Allez-y !
On ne sait jamais vraiment pourquoi on fait les choses. C'est quand elles sont finies et qu'on les observe qu'on comprend un peu.
Depuis que j'ai terminé ce film africain, me viennent des réflexions sur mon travail.
Je suis tout sauf un réalisateur, celui qui rend "réel" ce qui était imaginé à l'avance. Je construis à partir de mes rushes que je commence par casser. Casser l'espace, casser le temps, casser la reproduction du réel pour en reconstruire une autre qui évolue dans l'espace-temps du cinéma. A l'écoute des images et des sons enregistrés, on découvre des possibilités que l'imagination elle-même ne soupçonnait pas. La mienne en tout cas.
Notre voyage en Afrique forme un diptyque avec Pigeon, réalisé 30 ans plus tôt, parce qu'ils sont tous les deux, chacun à sa manière, la simple expression de mon rapport au monde et de la place que j'y tiens. Et je constate qu'en 30 ans, seule cette dernière a changé. Le regard que je porte sur le monde, lui, est immuable. Ces 2 films sont les mêmes, finalement, simples constats de l'état des choses.
Cette expérience, maintenant terminée, m'aide à vivre, m'apporte un certain apaisement, m'éloigne un peu plus du besoin de me chercher. Peut-être pour être enfin plus disponible pour les autres.